L’acrostiche (du grec akrostikhos « haut, élevé » et stichos, « un vers ») est un jeu littéraire qui consiste à rédiger un poème dont les premières lettres de chaque vers forment un mot ou une expression se rapportant au sujet du poème. Ces lettres peuvent être mises en évidence pour accompagner le message. Dans certains cas bien particuliers, l’auteur peut au contraire souhaiter dissimuler un message (voir l’acrostiche d’un officier de l’Armée française, Julien Clément A notre chef, le maréchal Pétain qui renferme une insulte vis-à-vis d’Hitler mais qui avait bel et bien échappé au maréchal…)
Guillaume Apollinaire (1880-1918) est l’auteur d’acrostiches célèbres. En voici trois exemples, pour chacun d’eux, retrouvez le prénom de la personne à qui il les a écrits :
Elles ont toutes deux
Les fleurs qui tout le jour
Ont de vagues langueurs
D’amour et de mépris
Insipides toujours
Et meurent les amants
Poèmes inédits in Bibliothèque de La Pléiade, 1965
Adieu
L’amour est libre il n’est jamais soumis au sort
O Lou le mien est plus fort encor que la mort
Un cœur le mien te suit dans ton voyage au Nord
Lettres Envoie aussi des lettres ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins une au moins je t’en prie
Lentement la nuit noire est tombée à présent
On va rentrer après avoir acquis du zan
Une deux trois À toi ma vie À toi mon sang
La nuit mon cœur la nuit est très douce et très blonde.
O Lou le ciel est pur aujourd’hui comme une onde
Un cœur le mien te suit jusques au bout du monde
L’heure est venue Adieu l’heure de ton départ
On va rentrer Il est neuf heures moins le quart
Une deux trois Adieu de Nîmes dans le Gard
Poèmes à Lou, 4 février 1915
Mon aimée adorée avant que je m’en aille,
Avant que notre amour, Maria, ne déraille,
Râle et meure, m’amie, une fois, une fois,
Il faut nous promener tous deux seuls dans les bois
Alors je m’en irai plus heureux que les rois.
Le poète assassiné, 1916
A votre tour de jouer avec les mots. Choisissez tout d’abord le mot que l’on pourra lire de haut en bas (par exemple : CONFINEMENT, PRINTEMPS…), écrivez-le en majuscules (vous pouvez enjoliver les lettres pour les mettre en valeur) et composez le poème en veillant à ce que les lignes aient à peu près la même longueur.